L’Histoire ne se renouvelle pas. Jamais.
Le croire, c’est se bercer d’illusions, pour se rassurer ou pour se faire peur.
En adaptant le passé au présent, nous simplifions la réalité, nous créons de la confusion ou pire : nous nous rassurons en occultant les différences par souci de simplification.
Nous pouvons aussi agir ainsi, tout simplement, par paresse intellectuelle. En n’établissant pas le bon diagnostic, on ne pourra donc jamais prescrire la bonne ordonnance.
Apprivoiser l’incertitude au quotidien
Tous ces derniers mois, la propension à ne pas voir la réalité en face pour se consacrer aux seuls constats d’impuissance ou du « c’est pas moi, c’est l’autre », nous montre l’immensité du chemin qu’il nous reste à parcourir pour ne serait-ce que comprendre ce qui nous attend.
Nous le savons tous, pour le décideur, qu’il soit politique ou économique, rien n’est pire que l’incertitude. Il est temps de l’intégrer dans nos schémas de pensée.
Les discours (rassurants ou pas) prônant les grands retours, que ce soit celui des sombres années 30, de la Guerre Froide, d’une grande industrie nationale ou du plein emploi, sont des leurres.
Et si l’histoire ne bégaye pas, notre intelligence semble parfois le faire.
Placer « l’inédit » au cœur de nos politiques
A nous d’essayer de comprendre ce qui se joue réellement en mettant à jour nos logiciels avec des datas actualisées, en plaçant l’inédit, la nouveauté et toutes les formes d’innovation au cœur de nos politiques. L’illusion du protectionnisme dans la réalité de notre quotidien mondialisé nécessite de repenser le rôle des Etats et de redéfinir le contour de nos territoires. Comme évoqué dans un précédent article, le territoire doit se repenser en termes de réseaux et de liens interagissant entre des personnes et des structures aux intérêts convergents. D’un monde où le politique était roi, nous devrons, qu’on le veuille ou non, entrer dans un monde social où chaque humain devra trouver/avoir sa place.
Si les causes de l’effritement social sont multiples, ses conséquences sont désastreuses pour l’immense majorité allant jusqu’à menacer la démocratie. Il semble dès lors raisonnable de sortir des représentations classiques que l’on a de la Nation, du territoire et du rôle du politique.
En révisant la notion de frontières, nous devons repenser ce que nous sommes en droit d’attendre ou pas de notre Etat, de notre région, de notre EPCI. En sortant du carcan des frontières purement géographiques, nous devons nous atteler à identifier ce qui nous permettra de répondre à nos véritables besoins pour mobiliser ce / ceux qui nous apporteront moyens et solutions.
Comprendre l’interdépendance sur son territoire est la clé, le début du commencement pour agir efficacement et ne plus subir l’incertitude. La robustesse ne se décrète pas.
L’interdépendance croissante des territoires
Parce que les menaces sont dorénavant plus systémiques, les principaux risques vont être des insécurités climatiques, sanitaires, énergétiques et alimentaires aux conséquences économiques trop peu discutées (assurances, inflation…). L’ensemble nécessiterait des décisions supranationales qui vont bien au-delà des pouvoirs décisionnels de tel ou tel Etat, à supposer même qu’il en ait encore les moyens financiers (cf. endettement, budget) et la volonté de réformer. Il n’y a qu’à voir les conclusions des dernières COPS et le rôle décroissant des Etats.
Sur certaines thématiques, comme le climat, on pourrait dire que potentiellement les ONG ont plus de légitimité à pouvoir définir les bonnes décisions, sous réserve qu’elles soient relayées sur le terrain et adaptées en fonction des spécificités de chaque territoire. Avec le devoir d’être adaptées, puis contrôlées, évaluées et réajustées par les acteurs locaux.
En s’affranchissant du vieux schéma de l’« homme » providentiel arrivant avec son programme « miracle », mais aussi peut-être plus largement de l’approche Westphalienne de l’indépendance supposée des Etats Nations, chaque territoire se voit dans l’obligation de mieux appréhender ce qui le caractérise. Ce faisant, en interagissant avec ses pairs, il cherchera les solutions les plus adaptées aux besoins priorisés par ces derniers.
De nouvelles approches autour du rapport à l’autre
Cette interdépendance des uns et des autres va nécessiter le montage d’alliances multiples, fluides et ajustables aux niveaux économique, politique, social, alimentaire, énergétique…avec un rôle croissant du lien social et du rapport à l’autre. Source d’une plus grande implication des parties prenantes sur le territoire, d’un meilleur ancrage du monde économique, d’une identité territoriale renforcée, cette vision transversale centrée sur le lien social et le rapport à l’autre pourrait redonner cette confiance écornée dans notre modèle sociétal, mais aussi dans le rôle du politique.
Si la réinvention sociale du monde est en route, les territoires qui s’en sortiront le mieux seront ceux qui sauront identifier les dynamiques en cours, les vulnérabilités qui les menacent, mais aussi les opportunités qui les porteront.
Repenser l’utilisation de la data
Centrée autour de l’idée que la data n’a pour valeur que celle qu’on va lui donner par l’utilisation qu’on va en faire, voici mes propositions de résolutions à l’aube de cette nouvelle année :
- Apprenons à toujours mieux connaître notre territoire, prenons conscience de ce qui nous caractérise et nous rend unique par notre population, nos sites, nos monuments, nos entreprises, nos forêts…
- Définissons quel type d’entreprise nous souhaitons accueillir en fonction de nos ressources mais aussi pour qu’avec leur arrivée nous soyons plus résilients, avec des emplois et des technologies pérennes.
- Anticipons le changement, en nous appuyant sur le passé, mais surtout en imaginant quelque chose de nouveau, d’inédit, de souhaitable.
L’histoire, non pas comme un éternel recommencement, mais comme le terreau d’un futur souhaité.
Dès demain, démarrons ensemble 2025.
La vocation de CAMBIUM STRATEGIE est d’accompagner les territoires pour donner du sens et de la perspective à la data.
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